J’ai vu la ville en pleurs se noyer dans tes yeux, S’allument les bûchers nous resterons de marbre Sorcière vous savez ce que vivent les arbres Ils vous ont dit démons mais que valait leur Dieu ?
Mon Oc se meurt ici aux frontières du schisme A ces nymphes vouées au culte à la nature Là où vous battissiez un monde de culture Quand partout s’abattait peur et obscurantisme.
Le roi Philippe Auguste pour tout raffinement Savait juste signer les traités de son nom Quand le comte de Foix et le roi d’Aragon Correspondaient en vers tout naturellement.
Champs de blés déroulant vos chevelures blondes Silencieux guettant la pluie dans la fournaise D’un juillet revenu en terre Lauraguaise Sous un chant moissonneur aussi vieux que le monde.
Quand Toulouse à l’amour du beau se consacrait, Ses consuls capitouls, peuple, aristocratie, Inventaient l’avenir et la démocratie Montfort et Innocent et Arnaud massacraient.
Mes vignes au soleil, terroir réconcilié Saignantes sang et or aux couchants de l’automne Lourdes de noirs raisins que les grives gloutonnes Picorent à s’en saouler jusqu’en bout d’espalier.
O mon pays meurtri, fleur de ces temps anciens, Sous les murs de Béziers où mon cœur reste en rade, Est il vrai qu’ils sont là les morts de la croisade A attendre que Dieu reconnaisse les siens ?
Mes souvenirs trempés dans ton eau de javel Blanchissent oh fidèle et fière Carcassonne Au fond de ce cachot où encore résonne Le cri désespéré du sire Trencavel.
Je sais que parmi vous qui mouriez dans les fers Il en était certains qui pensaient seulement Les autres sont en droit et de croire autrement Et de vivre cela car l’inverse est l’enfer.
Là où le monde allait sans souci des clivages Où naître arabe ou juif, noir de peau ou bien blême Où être différent ne posait pas problème Ils sont venus porter le fer du moyen âge.
Là où chacun vivait sa propre religion Ou bien n’en vivait pas, athées avant la lettre, Là où la règle était d’être son propre maître, Ils sont venus porter le feu d’inquisition.
Il n’existe plus d’hier ma belle que rancoeurs, Va nous irons plus loin que la voie des parfaits Il n’est pas de limite à ce monde défait Entends chanter la vie tout au fond de nos coeurs.