Mais déjà le temps a passé… La vie, c’est comme l’eau vive Qui coule le long des rives, Coucou aujourd’hui j’arrive, Coucou demain, je suis passé…
Rivière qui va sans retour Et qui sur ses bords dépose A chaque instant quelque chose, Là un pétale de rose Un petit ruban noir autour.
D’où viennent ces feuilles qui tombent Aux gouffres abandonnées ? Et d’où sont ces fleurs fanées, Qui vont, reflets des années, De nos berceaux jusqu’à nos tombes ?
Un aïeul s’est perdu ici, Et une mère arrêtée, Un enfant fût emporté Là, une épouse est restée Et tout près une sœur aussi.
Il n’est besoin d’aucun linceul Aux eaux vives en partance Pour attester leur présence, Serait-ce donc leur silence Qui nous laisse toujours plus seul ?
Mais jamais rien ne se dénoue, Nos songes artificiels Nos pluies et nos arcs-en ciel, Les ont suivis jusqu’au ciel Eux qui étaient tellement nous.
Ils sont des autres univers, Que nos rêves seuls atteignent, Quand les étoiles s’éteignent, Ceux-là où nos cœurs qui saignent Retrouvent les soleils d’hiver.
Avec eux toute notre vie, Sur la lune ou la grande ourse, Inverse soudain sa course, En remontant vers la source Où notre écho toujours survit
Et il n’est pas d’autres matins, D’autres songes achevés, Où nous puissions retrouver Ceux que nous avons rêvés, Dans la nuit de nos yeux éteints.