Ami qu’auras tu donc saisi, De ces jours et ces lendemains Et ce quartier de Saint Germain Qui t’apprenait sa poésie.
Tu vivais la vie de château Ou peut être un conte de fée Tu fuyais la mort comme Orphée Dans un vieux film de Jean Cocteau Tu pensais que le monde est fête Que nous revivons en écho Les mots de la jeune Gréco Comme vérités toutes faites.
Ami qu’auras-tu donc saisi, De ces jours et ces lendemains Et ce quartier de Saint Germain Qui t’apprenait sa poésie.
Et puis Boris et sa trompette Un matin de juin se sont tus Mon enfance que savais tu De tout ce vide à la Huchette Tu savais juste l’existence Lue aux lèvres des Sartriens Qui n’était précédée de rien Et sûrement pas de l’essence.
Ami qu’auras tu donc saisi, De ces jours et ces lendemains Et ce quartier de Saint Germain Qui t’apprenait sa poésie.
Tu passais jeune mirliflore, Nourri d’idées que tu péchais Et du jazz de Sydney Bechet Au bastringue du café Flore. Tu pars en ayant su la suite, Prévert qu’on a couvert de fleurs Plus Montand en télésouffleur En une alliance fortuite.
Ami qu’auras tu donc saisi, De ces jours et ces lendemains Et ce quartier de Saint Germain Qui t’apprenait sa poésie.
Et si au bout de tes lectures Entrait dans « l’ère du soupçon » De Sarraute à Georges Simon Une autre notion d’écriture Va tu perdras les mots en « iste » Dans les brouillards de tes mirages Et même si malgré ton âge Toutes tes illusions persistent.
Ah qu’a donc fait la bourgeoisie De ces jours et ces lendemains, De ce quartier de Saint Germain Qui a soldé sa poésie.