Tu fuis ce que tu es même sans le vouloir Et tu t’en vas plus loin, hasard de destinée, T’accomplir à coté de songes piétinés Sur la route tracée comme un étroit couloir. Et s’il n’existait pas un seul fil conducteur, Juste l’improvisé comme des aléas, Si nos vies, avant tout, ce n’était que cela, Seulement des hasards au réel castrateur ? Tu sais peu d’aujourd’hui, au fond ce que tu es Tu peux compter tes dons juste avec une main Mais que sais-tu de toi installé en demain Quand tu eus tant d’espoirs que la vie a tués ? Passe mon ombre passe à coté de mes rêves Prends et perds tes contours en passant au soleil, Car c’est vivre cela et c’est presque pareil Que mourir et renaître à la nuit qui s’achève. -« Je suis moi, je suis moi » litanies qu’on se sert Car la nécessité de t’affirmer pour être Demeure au fond de toi, demeure dans ton être Telle une mélopée pleurée dans le désert. Tu n’en reviendra pas, va de ce que tu fus, Tu chercheras en vain tout ce qui vous relie Cet enfant conscient déjà de ce conflit Et toi l’homme aujourd’hui, au parcours si confus. Qu’as-tu choisi de toi qui ne fus que dictée Même si tu voulais être une poésie ? Tu crois improviser mais tes mots sont aussi Ce que d’autres ont dit et que tu as capté. Ta vie, ta vie c’est ça, une simple rumeur, Tu n’as rien décidé et pourtant et pourtant, Tu laisses après toi un rien si important Et un vide si grand, l’Homme, lorsque tu meurs.