Plus bas sont les bambous, les bouquets où sont-ils ? La mer de loin s’en vient buter sur la montagne Trois pas- dit Aragon- suffirent hors d’Espagne Et le ciel se fit lourd mais un lien subtil Naquit de ce jour gris « recuerdo infantil ».
Machado te voila ici et tu sommeilles Dans l’œillet de l’espoir d’où est bannie la haine Tous tes amis, Paul fort, Moréas ou Verlaine, Y coro infantil, van cantando… merveille ! Le vent souffle tes vers sur la cote Vermeille.
Cette route à des airs d’une lande côtière Ta pierre est là dressée sur le bord du chemin Et j’ai cherché en vain cette « mancha carmin » Ici ce n’est au mieux qu’un petit cimetière Pour un poète grand d’une Hispanie entière.
Sur ta tombe est posée à même le fronton Une boite remplie de mots, plus qu’à moitié, De quelques poésies ou de simple amitié Une suite sans fin, un roman feuilleton, Pour toi qui n’es plus là qu’en rêve à demi ton.
Et s’éveille avec toi un flot de souvenirs « Cantando la leccion » de mes cours d’espagnol, Poète qui chantais comme ce rossignol Dont on creva les yeux avant de le bannir Mais quand on l’exila, il devint l’Avenir.
Et puis j’ai cru entendre à la tombée du jour Une voix résumant ton parcours hors d’Espagne « …Il s’assit dans cette campagne Et ferma les yeux pour toujours Et ferma les yeux pour toujours…»