Je vois s’ouvrir le temps de fortuite mémoire, Ma foi en nos futurs mes frères qui vivez Ou mourez avec moi et vous qui arrivez, Elle est déracinée du cœur de leur histoire, A ces hommes passants qui ne cessaient d’y croire.
Ah je vous entends bien de mots et de raisons, Il n’est que de sortir notre âme à la fenêtre Pour voir ce qui soudain aurait pu cesser d’être, Comme l’herbe qui pousse autour de nos maisons Mes frères d’incertains aux mutantes saisons.
Oh montagnes d’exil, mon cœur aux escalades, Nos cerveaux ne seraient que par l’écho des sens ? J’y retourne toujours dans ces vains contre sens, Dans tous ces souvenirs, d’espérances malades, Qui peuplent de néant l’envers de mes ballades.
Il est dans nos forêts ces allées de jasmin Et les ailes brisées aux murs d’intolérance, Tout ce qui est inscrit en gris dans la souffrance Comme s’il n’était rien jusqu’au bout du chemin, Vire en couleur parfois du vermeil au carmin.
Rêve fraternité d’une enfance troublante Des espiègles rendus aux accents persifleurs Mais aussi cette fille et son bouquet de fleurs Qui en cette Saint Jean à la nuit accueillante, Déposait sur ton cou un brin d’herbe tremblante.
Et tout vient de si loin, peut être bien d’avant, Cet amour qui se bat d’espérance confuse A l’heure de sa mort encore se refuse A tous ces compromis de mépris, en rêvant Un songe rien de plus qu’un songe dérivant.
Ce soir où tout s’en va je demeure en poursuite De ce rêve éveillé que je fais si souvent, Ecoute Jane entends ce que chante le vent, C’est au creux de tes reins que s’accomplit ma fuite, Je n’ai d’autre grimoire où écrire la suite.
Ma vie n’est que de broc, mélangée d’Occitane Et quitte à en mourir j’irai bien au-delà, Pour revenir au coeur qui hier me modela, Je vais m’ensevelir en ton sein, ma profane Et puis tout oublier sauf un seul nom : Ô Jane !...