Tu marchais devant moi et mon itinéraire Se transforma soudain en parcours incident Accessoire advenu au monde temporaire
En ces temps où la vie n’était qu’un accident Qui pouvait arriver aux enfants condamnés De ne point mélanger Orient et Occident.
Car nous venons de loin, orphelins si peu nés Qui n’avons, de savoir, que l’humble découverte Et la notion d’espace en nos corps enchaînés Mais l’infini naissant à la fenêtre ouverte.
Tu étais l’utopie à la rue anonyme, Sur les pavés mouillés aux heures du sommeil Où ton nom avec joie rimait en synonyme.
Nos deux sentiers traçaient un horizon pareil Et lisse sur la vitre embuée du destin Entre les deux éclats d’un rayon de soleil.
C’était, me semble- t-il, le tout premier matin, D’un enfant dessinant nos rêves sur les givres, Eternel écolier, buissonnier clandestin, Qui jetait aux orties son cartable et ses livres.
Oui nous avons franchi des espaces sans nom, Des temps indéfinis au cadran de la montre Mais voici le printemps à travers ton prénom
Tout ce qu’un postulat n’admet pas qu’on démontre, Comme ce vin muscat qu’avec les bohémiens Nous buvions pour fêter notre unique rencontre.
Et tes yeux sont venus se perdre dans les miens Ta danse dans l’amour et ma soif au vin doux Tu es « Eva naissante » hors nos parcours simiens Oui nous sommes d’ailleurs mais qui nous dira d’où ?