J’ai ma tristesse à moi et vous ne savez pas, Seulement quelquefois un spleen né par mégarde Dans l’œil de cet enfant qui parfois me regarde Et conte doucement ce que furent mes pas. Oh mes rêves passés, abus d’imaginaire, Était-ce donc cela la folie ordinaire ?
Il y eut trop d’amour, comment est-ce possible, Une vie toute entière à l’ombre de ces femmes Ou bien dans leur soleil, que savons-nous de l’âme Sauf qu’elle n’est jamais une et indivisible Et que dans nos parcours jalonné de princesses Elle va et revient, modifiée sans cesse.
Existence ma vie, dire je vous aimais C’est bien peu, ce n’est rien, pour décrire les choses C’est parler d’un parfum comme de l’eau de rose, Ou de notre néant en le nommant jamais, C’est croire qu’on est tout et à bon escient, En réduisant tout ça à nos seuls conscients.
Femme bien sur c’est vous, mais c’est aussi maman Mais c’est aussi ma sœur, peut être mon amante, Mon épouse plus tard prise en cette passante, Pour reprendre l’histoire au début du roman Et apaiser en moi tous ces soirs de tumulte En replaçant ma mère en mon destin d’adulte.
Et ainsi pour tout voir, ainsi pour tout entendre Ce pauvre infirme là qu’on disait surdoué Dans quelle ile perdue s’est-il donc échoué Avec son rêve au large et son cœur bien trop tendre Planté contre l’hiver en plein cœur d’un soleil Et le rêve éternel en guise de réveil.
Le temps a donc passé, si peu il m’a appris, Combien de choses sues mais la chose ignorée, Derrière le miroir est si peu colorée, Privée de l’essentiel. Tout ce que j’ai compris Dans les gestes d’adieu ou dans les au revoir, C’est que je ne sais rien mais que faut-il savoir ?
Je suis l’artificiel qui cherche sa nature, Vous m’aviez fait uni mais vous n’êtes plus là Pour voir comment tout ça se désarticula. Privée de vous mon cœur attend l’autre aventure, Seul n’est point l’albatros dont parlait Baudelaire, Pour avoir des ailes et n’en savoir que faire.