Leur sac était posé sur le bord de la route Pèlerins embarqués pour l’autre Compostelle Le coeur serré peut-être et la tête en déroute La vie demandaient-ils, notre vie où est-elle ?
Enfants bruns apparus dans un autre univers, Entre guerre clanique et puis deux escarmouches Là où le soleil cuit la peau, même aux hivers Et où la mort l’été, bruit aux essaims de mouches.
Et d’autres de là bas prés des steppes glacées Ou au bord de l’Oural, ces lieux à définir, Qui se tenaient dans l’ombre et les mains enlacées Comme si l’Occident allait les désunir.
Leur avenir tanguait tel un grand bateau ivre Chargé de tant d’espoirs, images dans leurs yeux, Ils étaient de si peu et pourtant voulaient vivre Ici, en se pays, qui ne voulait pas d’eux.
L’illusion part de loin, le rêve est éternel, La soif rend le mirage un moment accessible Où avaient ils dont pris qu’ici est fraternel ? Illusion de l’ailleurs où être est impossible.
L’école nous disait « France pays du droit » Et tout en y croyant nous avons du vieillir Il faut, de ces notions, tout remettre à l’endroit Cette Gaulle d’accueil qui veut-elle accueillir ?
Je me souviens de vous pris en cette galère Des mots qu’on vous disait « centre de rétention » Et de nous impuissants, en nos cri de colère : La terre est-elle à qui ? Quel absurde question…