Notre liane balance au creux de nos savanes Pour l’heure des départs qui m’ont vu exister. Mon voyage accompli aux nuits des caravanes Dans lesquels un rayon de lune persistait Est l’étoile volée aux mondes diaphanes.
Je suis toujours en croix dans ton jardin d’hiver Aux tonnelles fermées qui blanchissent de givre Bercé de ta rumeur, tes murmures divers, Où meurent mes soupirs lorsque tu me délivres Et mes clous aux poignets crucifient l’univers.
Tu m’apprends, en passant, ton monde de couleurs, Musiques oubliées aux champs de tes récoltes, La flèche empoisonnée au cœur des sept douleurs Où je ne cherche plus le vent de mes révoltes Qui se sont égarées dans ton rire enjôleur.
Ton miel vient m’adoucir mes peurs se désintègrent Et je ne souffre plus, ma belle anesthésie, Tes lèvres doucement ont bu tout le vinaigre Et cette cicatrice où meurt ma poésie Se rythme aux longs accents de tes musiques nègres.
Ta jungle me reprend, ferme tes horizons, Le gouffre où je me perds a cessé de s’ouvrir, Tu me tiens à ta plaie où nous nous enlisons, Ton refuge d’éden qui m’engouffre à mourir Me garde à l’infini au cœur de ta prison…