Ce temps, nous savions bien qu’il nous fallait le vivre Bien d’autres avant nous avaient vécu le leur Et nous voulions qu’il soit de passion et chaleur, Différent de ce monde froid comme le givre Vieux monde sans espoir, vieux monde sans couleur.
Le vent s’était levé ici ou en Sorbonne, Il nous venait d’avril, un printemps méconnu Paris soixante et onze, avec nous revenu Paris de la Commune, un peu avant Lisbonne Nous aurions pu mourir pour cet air inconnu.
Il fallait balayer la poussière en nos yeux Et ces contes sans joie, cette histoire qui ment, Il fallait retrouver sous les mots de Clément L’avril précédent mai, un pari jamais vieux, Bâtir pour l’avenir, le bonheur seulement.
Et tout était génie, vos dessins, notre humour, L’union des corps, des cœurs, de Marie à Vincent, Etudiants et ouvriers au rêve adolescent Qui portiez tout cela et simplement l’amour, Une révolution conjuguée au présent.
Et nous avons marché des places aux usines, En grève illimitée, nos espoirs militants, Enfants de l’après guerre et qu’importe le temps ? Allions exorcisant toutes peurs assassines Peut être pour toujours, en tous cas pour longtemps.
Et même si la mer, trop tôt s’est refermée Il nous reste le sel déposé au rivage Notre culture à nous, ah oui qu’importe l’âge ? Ce qu’il reste depuis comme le verbe aimer, Et cette humanité héritée en partage.