Il est depuis toujours ou depuis bien longtemps, Un lieu bien à l’abri de toute pluie d’averse, Je m’y rends sans vouloir alors l’heure s’inverse, Versatile le ciel ou incertain le temps, L’été devient hiver et l’automne printemps.
Je t’y retrouve nu mon ego négligé Ma demeure de rien, fétus en tes matrices, Toujours si couturé de mille cicatrices Mon destin à ton front, de rides, affligé, Mes clopes à ta lèvre au parcours obligé.
Et toi où donc es tu mon bien et ma douleur ? Rouge fruit éclaté, grenade dans le soir, Je m’incline vers toi et tu me dis bonsoir Passant mon fil de vie de l’aspe à l’enrouleur En m’inventant toujours une neuve couleur.
Voue ton vol aux voleurs servile et asservie, Destinée devenue l’aléa deviné, Il n’est plus de surprise à ton sol raviné Bouge, bouge ton cœur un instant en survie Et que passe ma joie de ton ombre suivie.
Mon jardin du fouillis fourmille de périls, Sombres sauges salies au sol, vous azalées, Vous osez vos odeurs au cœur de mes allées Mais d’où teniez vous donc tous ces parfums d’avrils L’enfance s’endort la, aux charmes puérils.
Tu es au rendez vous malgré ce contretemps, Vierge vague venue de ta verte vallée Ma peine va et vient et je l’ai ravalée Tu te survis enfin dans l’éternel printemps, Tu es là, tu souris sur la porte du temps.