Plus loin que mes espoirs et dépassé mes chutes, Au-delà de l’oubli, hors l’usure du temps, Vous dirais-je jamais tout ce que vous me fûtes Vous qui m’avez aimé et que j’ai aimé tant ?
Je suis de ces durées qui lentement s’étirent, De ces espoirs vécus, de vos bonheurs surtout, Combien me faudrait-il de vies pour tout vous dire Et puis combien d’amour pour m’acquitter de tout ?
Mon univers perdu c’est vous qui me le fîtes De larmes, de passions, de tendresses, d’émois Ah parler de nos vies qui s’éloignent si vite, De vous qui demeurez ce qui survit en moi !
J’irai les mains fermées vers le jour qui se lève Moi toujours naufragé, un instant rescapé, Pour garder bien serré l’essentiel de nos rêves Et d’abord de tous ceux qui nous ont échappé.
Et je n’oublierai rien, même le grain de sable, Nos envies de douceur dans le cœur de l’Anjou, Nos envies de Québec dans le sirop d’érable Ou la goutte de pluie que je bus sur ta joue.
Non je n’oublierai rien de ce bout de chemin, Cette larme de joie, cet instant merveilleux, Ce frisson dans mes reins, la douceur de tes mains Et l’étoile soudain qui tomba dans nos yeux.
Tous ces milliers de riens, ces cadeaux de vainqueur Qui me faisaient vivant et si peu envieux, Je vous les dois toujours, je vous les dois mon cœur Mais savoir tout cela est-ce donc être vieux ?