Mes brunes d’un matin, mes rousses et mes blondes S’estompent vos parfums mais toujours je vous aime Mes bouquets d’hortensias et vos fleurs que j’essaime Sur le bord du chemin les soirs de lunes rondes Sont autant de baisers posés sur d’autres mondes.
Car moi je viens d’ailleurs, de brumes évanouies D’un pur Eldorado de miels et de douceurs Là où tant vous dormiez entre mes bras berceurs Et ce n’est qu’une fée aux forces inouïes Qui vous a éveillées fraîches épanouies.
Je me souviens de tout, des rêves d’inconnus Et de ces champs de blé, de brises, frémissants, Des ombres en vos yeux et ces riens gémissants De nos rauques envies passant sur nos corps nus De vos seins parfois lourds et parfois si menus.
Nos vingt ans sont posés là bas sur l’autre rive Toutes Nausicaas qui lissiez vos cheveux Et moi qui me disais « oh toutes je les veux » Avant, oh bien avant, que l’histoire s’écrive, Mon cœur allait ainsi, sans boussole, en dérive.
Elle est là prés de moi frêle et mystérieuse Cette fille d’avant, ma douce courtisane, Celle qui aujourd’hui m’a dit s’appeler Jane Elle reste d’hier, comme vous, si rieuse Et pourtant quelquefois tellement plus sérieuse.
Ah je vous chéris tant en adieux et bonjours En elle seulement et en elle parfois, Je vous aime d’amour et toutes à la fois En elle je le sais, je vous vivrai toujours Mille nuits pour mourir, pour la vie, mille jours.