Tu t’en vas je le vois toujours un peu plus loin, Tu t’en vas, c’est ainsi doucement dans tes brumes, Parfois je dis un mot et dans tes yeux s’allume L’étincelle de vie dont je suis seul témoin. Et moi je reste là et je reste longtemps, A regarder ainsi ton regard qui vacille Où donc t’enfermes-tu et dans quelles Bastilles Se love ta raison hors d’atteinte du temps ? Ah douce abandonnée aux lignes où tout meurt, Dans quel cosmos pars-tu, en quelles mers profondes, Où s’arrête ton rêve, en quels confins du monde ? Comment s’appelait- t- il, ce docteur ? Alzheimer. Mais toi tu ne sais pas, tu t’éloignes toujours, Tu t’éloignes de nous, assise sur ta chaise Tu es là sans savoir et quand nos voix se taisent, Tu souris au silence et à la mort du jour. Tu souris si souvent, tu souris oh combien, Tu as tout ce semblant du bonheur qui rassure Elle reste cachée, si profond, ta blessure Tu souris et c’est doux et c’est neutre et c’est bien. Un jour, c’est sur un jour, tu en auras fini Avec nos visages quand nous viendrons te voir, Tu t’en iras je crois sans nous dire au revoir… Ah vis là l’illusion toujours indéfinie, Qu’il soit peuplé de fleurs ton rêve à l’infini.