Un jour je partirai
Un jour c’est sûr, je partirai,
Vous mes amis de si longtemps,
Un jour c’est sûr, je m’en irai,
Vous mes enfants que j’aime tant,
Vous mes frangins d’un autre temps.
Mais même absent au rendez-vous,
Plus que présent dans vos passés,
Je resterai, souvenez-vous,
Toujours gravé dans vos pensées,
Toujours vivant, au fond de vous.
Il sera, dans l’éclatement,
De vos chansons et de vos rires,
De vos chagrins également,
De vos rêves, de vos délires,
Un peu de moi, à tout moment.
Des nostalgies je me défends,
Ce n’est plus le temps que je pleure,
Le temps qui passe et qui demeure,
Pour deux femmes et un enfant,
L’éternité dans un instant.
Comme ce soir de plein printemps
Où balbutie mon existence,
Aujourd’hui comme auparavant,
J’en oublie presque leur absence,
Tant ils restent, en moi, vivants.
Si la porte s’est refermée,
Ce n’est faute aux sentiments,
Faute d’avoir rêvé, aimé,
Ou les deux au même moment.
Mais le miroir même brisé,
Garde toujours par transparence,
Tous les reflets de nos baisers,
De nos multiples espérances
Et de ces yeux qui ont pleuré,
Votre départ n’est qu’apparence,
Oh vous ! Tout vous est demeuré.
Et mes pensées si peu fidèles,
Vouées au rêve évanescent,
Même fugaces, irréelles,
Gardent l’empreinte des absents.
Vous mes peines après ces jours,
Après tous ces chagrins passants,
Au fond de moi vivez toujours,
Oui je le sais, oui je le sens.
Mai 1994