Une invitée
Elle était là un soir cette belle inconnue
Sous le porche abritée, de la maison d’en face
Elle s’est approchée sans nulle retenue
« Je veux rentrer chez toi, fais-moi un peu de place »
Et moi je n’ai rien dit et elle m’a suivi
Et chez elle ou chez moi, c’est devenu pareil
Seulement et depuis, je crois bien que je vis
Un tout petit peu moins, avec moins de soleil
Mais je conserve intacte et garderai toujours,
La même soif de toi, aussi, la même faim
Et de toutes ces nuits passées, de tous ces jours,
Le sentiment profond qu’il n’y a pas de fin.
Mon inconnue est là et je la porte en moi,
Elle bouge et ressemble à un oiseau blessé,
Parfois je la rejette, elle dit « Garde-moi »
Alors, je la reprends, palpitante et glacée.
Et nous partons plus loin, où ça bouge et ça danse,
J’essaie de la piéger aux promesses des mots,
Comme la vapeur d’eau que le miroir condense
Et en gouttes de pluie, rejoint les autres eaux.
Mais depuis tout ce temps, qu’en moi elle mesure,
La profondeur du gouffre et qu’elle m’est fidèle,
Qu’elle habite en mon cœur, à chaque éclat brisure,
Elle n’est plus pour moi, qu’hôtesse habituelle.
Avec elle je vais aux déserts inconnus,
En gardant pour ma soif, un de ces fruits acides
Dont le goût au palais connu et reconnu,
Me dépose souvent, aux franges du suicide.
Parfois, si je l’oublie, elle revient têtue,
Comme amante accrochée, me crée des habitudes,
Je lui demande alors « Que veux- tu ? Qui es- tu ?
Et elle me répond « Je suis TA SOLITUDE ».