Tu avais ta guitare aux accents liberté Et puis au fond de toi autant de poésie, Tu n’avais que ta voix, tes paroles choisies Tu n’avais que ton cœur et tant d’humanité, Ah c’est peu je le sais pour répondre au fusils Ah c’est peu je le sais et pourtant et pourtant….
Je pense à toi Victor sur mes cordes, penché, Alors qu’on joue ici trente trois ans plus tard Comme on jouait hier tes airs sur nos guitares Je pense à toi Victor et à tes doigts tranchés Souvenirs, souvenirs, ce dernier avatar, Tout ce qu’il faut garder de ce quinze et pourtant…
Tu es toujours debout jusqu’à l’ultime page, Là ou se joue le sort pour un peuple asservi Et tu chantes Victor car toi tu es la vie L’unitad popular qui n’est plus qu’une image Dans ce stade en folie où la mort t’a suivi Les assassins sont là et pourtant et pourtant…
Est-ce cela mourir, s’arrêter de chanter D’être ou bien de sentir ce peuple qu’on coudoie Ne plus jamais pincer les cordes de tes doigts Est-ce cela Victor simplement s’absenter Est-ce si malaisé d’être ce que l’on doit D’être toujours présent et pourtant et pourtant…
Poète et musicien, tes mains ensanglantées L’impossible musique aux guitares du vent Oui Victor aujourd’hui voilà trente trois ans Ta voix n’en finit pas de se répercuter Est-ce cela Victor être toujours vivant ? Etre toujours vivant et pourtant et pourtant….