Vous êtes ces amours qui violemment s’obstinent A me faire toujours des fantasmes dorés, Vos mirages éclos aux rives clandestines Des passions défendues aux mers inexplorées Limitent bien souvent mes craintes assassines.
Je m’éveille partant sur vos frêles radeaux, Emporté des marées qui courent aux rivages En jetant sur les flots ces flamboyants cadeaux Aux sirènes déchues qui chantent sur les plages Pour donner aux chalands des frissons dans le dos.
Tu me refais la vague aux festons déployés Comme un raz de marée aux écumes de neiges Lorsque les chiens du large ont cessé d’aboyer Et quand c’est ta rumeur qui m’apprend le Solfège, Aux notes inventées qui pleurent les noyés.
Ma chair et ma raison, cent fois renégociées Mon pays déraison qui se meurt à tes lèvres Moi je vais le noyer sous nos mers associées Avant de t’éclater dans les nuits de nos fièvres Où sombrent à l’infini nos corps suppliciés.
Je te rejoins mon âme, au bout de nos absences, Aux frontières du rien, au bord de nos néants Tu t’éveilles en moi aux mêmes impatiences Qui allument nos feux au cœur des océans Lorsque s’ouvre ta plaie là où ma vie commence.
Et je ne vis qu’en toi de volcans et de laves S’écoulant déchaînés au fond de ta vallée, Je parcours ton ruisseau du soc de mon étrave Avant de m’échouer sur tes berges salées Où naufrage mon cœur, où tangue mon épave.
Moi je t’accosterai de nuits et d’aventures En jetant mes grappins par-dessus tes moulins Je te piraterai sans aucune censure, Aux rigueurs absolues de ce monde orphelin Quand tu auras semé le sel sur ma blessure.
Reviens, reviens vers moi, ta forêt sous l’orage Ou sous les éclaircies qui ne durent jamais Et le temps pour nos cœurs de reprendre courage Je t’aimerai bien plus que je ne t’aie aimée, Reviens reste avec moi au creux de mon nuage…