Je reviens de la nuit sans colère et sans rage De là bas, cet ailleurs qu’il nous reste à connaître, Il en était ainsi quand il m’a fallu naître Émerger d’incertain en vos verts pâturages Et sont mes yeux remplis d’immenses paysages.
Pour le jour, le soleil, les pluies dés ma naissance, Pour le vent sur le lac, pour le vent dans le pré Pour la rose au jardin, l’arbre dans la forêt, Pour l’incendie d’automne et ses incandescences A qui dois-je porter tant de reconnaissance ?
Il faisait noir - dis-tu - Il faisait froid peut être C’était au fond des nues en cet autre univers Comme au fond de tes yeux, c’était comme en hiver Fallait–t-il donc que s’ouvre au ciel une fenêtre Pour que naisse en un chant, intacte, ma joie d’être.
Oh non je n’oublie pas, oh oui je me souviens Ils allaient se donnant la main dans les blés murs L’horizon infini, l’horizon sans les murs, Quand il disait « j’ai peur » Elle répondait « Viens » Ma mémoire est encore à l’antédiluvien.
Mais j’irai à la nuit sans colère et sans rage Vers la bas, cet ailleurs qu’il nous reste à connaître Serait-ce pour toujours ou serait-ce renaître Pour émerger encor vers d’autres pâturages Ah que mes yeux soient pleins de nouveaux paysages !