Savez-vous d’où viennent les rires et où ils vont aux nœuds Quand passent les anges, les bretelles en bataille ? Savez-vous rire à voiles déployées Comme rient les enfants les simples les petits ?
Les rires des enfants vont tous à l’école Je les ai entendus aux méandres des couloirs Au jardin dans la rue aux heures de promenade Au préau par milliers ils se lèvent très tôt
On raconte qu’ils se nichent dans le fond des placards Ou bien se cachent-ils timides dans les poches De cartables en sacoches que l’on porte plein le dos Visibles dans les trousseaux aux heures de pleine lune
Ils s’y nichent tous nus vêtus de porte-plume Une rumeur d’étoiles au grand tapage des anges Parle de taille-crayons qui se goinfrent de bois Et de rires enfantins qui chatouillent la nuit
Pour faire rire les saints aux coins du Paradis Les rires se nourrissent de gommes rose bonbon Au parfum de vanille pour effacer l’ennui Ils plaisantent de tout au printemps de la vie
Car les rires s’amusent de crayons colorés Et de boîte à trésors comme de beaux coquillages Pour dessiner la vie la joie et la nature Donnant des crampes aux côtes à la barbe des profs
Les rires sont pots de colle qui vous tiennent par le nez Marqueurs indélébiles ils vous marquent pour toujours
Entre la collation et quelques berlingots Aux saveurs exquises que l’enfance sait saisir Les boîtes à tartines sont pleines de fous rires Et les yeux pétillants de mille amusements Quand on mange à bouche pleine le ciel est sur la langue Les blagues de Toto et les gros mots salés Ont comme goût l’interdit et la couleur du miel
Dans les cours de récré les chahuts véhiculent D’anciens jeux et l’écho de lointains rires D’élèves fantômes d’écoliers de jadis Collégiens lycéens trop vieux pour être là
Potaches aux souvenirs nostalgiques d’ici Qui hantent jour et nuit les classes et les ardoises Même que les tableaux noirs se vantent D’être les témoins de rires qu’aucune éponge N’a jamais su effacer
Entre le globe terrestre et l’oiseau empaillé Montent rires et pleurs des élèves punis Eux qu’on a trop dressés dans des moules rigides Et que l’on a élevés au nom de « la Raison » Sans espace pour le rêve et pour la déraison À la latte de bois ou même à coups d'équerre Et autres rapporteurs sur la tête et les doigts