Une cavité sombre, pans rocheux écaillés, Un trou béant où l’ombre n’a plus qu’à régner : Elle ouvre une gueule noire où des vents tournoyants, Vers l’abîme sans fond plongent en rugissant. La crevasse fendue, dénuée de couvercle, Epouvantable faille, crevée comme un noir cercle, Abrite les cadavres d’imprudents givrés… Ossements que la terre n’a voulu recracher. Un paradis des morts, suants à en vomir Un monde où le vivant s’éteint sans un soupir. En bas une rivière en silence s’écoule, Croupie de boue et d’eau, ses méandres s’enroulent… Un dédale hanté d’insectes tous rampants Privés de lumière, de bruits et d’aliments. Contres les parois moites suinte un fiel brûlant : Un mélange d’eau froide et d’argile étouffant. Une impalpable brume appesantit l’air lourd Et étouffe les bruits jusqu’à en être sourd… Labyrinthe damné qui rappelle à la vie Qu’ici bas, dans ce cœur, plus personne ne crie…