Quand j'aurai cent ans Le ciel paraîtra plus fade au travers de mes yeux d'ambre Mais je peindrai encore les couleurs roses de décembre Et je saurai encore le murmure du vent du meilleur printemps Et je verrai toujours sous les soleils tes sourires d'antan Je pourrai danser les vagues qui s'avancent et se reculent Et je distinguerai sous le sable nos traces effacées Je sentirai comme hier la chaleur de nos cœurs qui basculent Même si le mien aura alors cessé de parler Quand j'aurai cent ans J'aurai le goût de l'herbe dans nos cheveux Et la terre humide le long de mon dos Alors dans ma tête fourrée de nuages cotonneux Passeront les voiles blanches des bateaux Et je sourirai aux oiseaux de me rêves En souvenir du temps ou je m'envolais encore Comme le papillon qui attendait que tu te lèves Pour battre ses ailes aux côtés des condors Quand j'aurai cent ans Je serai les chansons qui faisaient fondre la glace Je dirai le silence qui faisait parler nos yeux Et le temps ne sera plus l'ennemi qui passe Car je vivrai seulement de nos souvenirs heureux Je compterai les moutons à l'envers pour me réveiller hier Et plonger dans nos vies, qui comme les rivières Finissent par s'écouler dans des immensités Que même à cent ans je ne pourrai imaginer.