Lorsque les heures deviendront froides et vides Autour de toi, parce que j’aurai quitté ce monde, N’épouse aucunement, quelque chagrin sordide ! Tout près de toi, mon Fils, je serai vagabonde.
Je serai par-delà tous les enseignements Dans les mots certifiant les pages de l’Histoire Dans les cœurs avenants et les esprits cléments Dans la voix qui murmure du fond de ta mémoire.
Je serai là, partout : dans le jour qui se lève, Dans le souffle du vent, l’ombre du souvenir, Dans la nuit qui s’achève, au milieu de tes rêves. Je serai la semelle de ton bel avenir.
Quand paraîtra demain avec son flot de doutes Que l’espoir résigné semblera rendre l’âme, Quand plus rien ne luira pour te montrer ta route, Regarde à l’horizon, la lueur de ma flamme
Je serai bien avant les étoiles filantes Dans un endroit secret au-dessus d’une pierre Pour ton corps maladif, et ta vie chancelante Formulant comme une sœur des vœux et des prières
J’aurai assez de souffle pour chasser les nuages Les tenir éloignés et panser tes blessures. Je serai cette lune qui sur ton paysage Te fera oublier la trace des meurtrissures.
Quand les ans auront tué les chagrins du passé, Que ton front rabaissé, se lèvera enfin, Quand l’aurore nouvelle aura fait trépasser Ton sommeil aux aguets, tes jours privés de pain,
Je serai dans le chant, le chant de tes enfants, Dans le bruit du bonheur de tes soirées vermeilles La douce mélodie des sombres olifants Qui bercera autant tes nuits que tes éveils.
Je serai le flambeau qui inonde ta gloire Le sang de tes veines, la plume de tes ailes J’enfouirai les malheurs au fond d’un vieux tiroir Pour que le charme de ta vie, reste éternel.
Quand sonnera le coup du dernier de tes jours, Lorsque ton cœur trop vieux deviendra las de battre Dans le creux de ton cœur je mettrai tant d’amour Que je ferai d’un homme, le plus joli des astres.