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Sébastien BROUCKE

Apostasie

Un arbre était tombé de toute sa hauteur,
Remplissant les jardins de stupeur.
Lui qui touchait au ciel le priait en silence,
Humilié, comme on voit bien souvent les géants,
A genoux, implorant et pleurant.

On s’interroge, il est immense,
Que faire de ce tronc, il faudrait l’amputer,
De ses branches d’abord, car le monstre a planté,
Comme chaque voisin les devine s’étendre,
Ses tentacules longs, ses racines noueuses,
Au fond de la terre argileuse.

La souche, tout est là ! Comment l’ôter, la prendre,
Quel jardinier peut l’enlever ?
Les grands froids seront là avant qu’on l’ait trouvé,
Celui qui pourrait seul arracher de la terre,
Cette pieuvre enfoncée au tréfonds de nos champs !
Tout ce bois perdu pour l’hiver…

Il nous le faut, même méchant,
Cet homme qui saura nous sauver de cette hydre,
Le temps passe bien vite et l’eau de la clepsydre,
Aura gelé l’horloge avec les habitants,
Si nous ne trouvons pas demain ou maintenant,
Ce jardinier que nous cachent nos dieux, ou même,
Nos démons dans leurs noirs repères,
Quel enfer !

La crainte arrive et chaque femme devient blême,
Tout crie, s’arrache les cheveux,
Tout appelle son diable et du bois pour son feu !
Personne à l’horizon, rien aux cieux, impensable…
Rien ne monte du sol, ni racine ni homme,
Le froid vient, dans les vals, dans les âtres, les sommes,
Chacun devient abominable…

La Mort approche et rit, glacée, reine sans joie :
Vous attendiez du feu, passez la nuit chez moi,
Il est dans mon pays des flammes magnifiques,
Laissez-moi vous porter sous l’herbe où vont les vieux,
Là-bas, j’assècherai vos yeux
De mes fumées archangéliques !