Les arbres et les prés étaient bien plus que verts, Luminescents ! Ils étaient chargés d’eau, de vie ; Sur les cimes, sur l’herbe, où s’extasiaient les miens, Un soleil gai versait ses yeux étincelants.
J’entrevoyais la force et le talent du Peintre Qu’il me faudrait avoir pour évoquer ce monde ; Tout était là-dedans, nul ne pourrait jamais Tirer de ses pinceaux la douceur de son feutre !
Je jubilais quand même et plantais mes regards Dans toutes les lueurs qu’exultait sa palette, Je m’en gavais la tête à m’en submerger l’âme, Jurant d’offrir un jour une réponse aux cieux.
Les années ont passé, point de louange aux anges, Pas de complainte au ciel, aucune aubade immense, Mais toujours en avril me débordent des verres, Des lieux qu’un temps de pluie me rend fluorescents.
J’y ai bu, j’y rebois, j’y reboirai encore, Au cristal de cette heure, à la coupe émeraude, Ah, qu’une goutte enfin tombe sur mes poèmes L’intensité des vers qu’on me versa dans l’œil.
J’ai saigné tous les mots qui m’ont coulé aux mains, Je m’y suis enivré la moitié de la vie, Pourtant je n’ai pas su rimer pour tes grands yeux La verdure arrosée qui brûla ma rétine.
J’ai tenté sans répit l’étaler sur papier, Ce beau qui s’élevait jusqu’à l’incandescence, J’ai travaillé sans fin et relu chaque jour Ce morceau d’infini déversé sur ma terre…
Je n’ai rien oublié : les arbres et les prés Étaient bien plus que verts, Luminescents ! Mais vois, Ébauchant pour ton cœur ce qui manquait au mien, Je n’ai pas su t’écrire à l’encre du printemps…