Nous avons perdu le bonheur d’une rivière Perdant ses souvenirs, son charme et sa valeur Un grand cadavre fait de cailloux et de pierres. Qui a perdu son long chemin et sa saveur.
On a perdu l’oued qui a tout peint en vert Sur ses rives, près des palmiers et dans nos cœurs. Le temps recule et les jours deviennent amers Puis la verdure a laissé sa place à l’horreur.
Tout est gris, tout est jaune au bord de la rivière Qui a pris sa valise et a quitté Tozeur L’eau s’est évaporée et reste le désert Les larmes taries, ce sont que nos cœurs qui pleurent.
L’été nous torture et l’automne nous conquiert Cinquante degrés et plus à l’ombre à Tozeur Le printemps est absent et s’excuse l’hiver Il fait très chaud ! il n’y a pas d’ombre à Tozeur !
Regrets, gémissements, ténèbres et poussières Un destin au rythme des chagrins et des pleurs Le ciel est triste et ses gouttes sont en colère Cœurs confus, visages pâles, faim, soif et peur.
Les gens ; des loups, des bêtes se mangent la chair Coups qui viennent d’ici sûrement et d’ailleurs Mains liées dans les menottes de la misère Et le mal prend racine à partir du malheur.
Les mains liées et les pas vers le cimetière Il n’y a que des cimetières à Tozeur S’évader d’un paradis devenu enfer, Je vous parle du rien qui s’appelait Tozeur.
Les palmiers ne meurent que debout à Tozeur. Quant aux fugitifs, les ennemis des lumières. Qui ont été maudits, devenus visiteurs Hélas ! le paradis, Ras el Ain et son air.
Au revoir, oasis, au revoir, ma rivière ! Des années sèches qui produisent des chômeurs Au revoir, oasis, au revoir, ma rivière ! Ici, les cauchemars avalent les rêveurs.