Bel et noble art à la grâce baroque et distinguée, Tu médites sur la parure angélique de l'éphèbe, Tu réchauffes le cœur des jouvenceaux en herbe.
Tu m'envies, car mon art est intouchable, inimitable. La main de l'homme en marbre Ne peut abîmer la robe de mon chef-d'œuvre.
Sa main est faite pour tuer, pas pour palper. Mon œuvre n'accepte que le toucher, Venant des petites mains d'enfant. Mon art est un joyau rare, Qu'il faut sans cesse entretenir, Par des peintures de couleur neuves, Et bichonner comme un nouveau-né.
Mille couleurs de soie somptueuses, Et des agates aux courbes déliées Ornent le palais aux symboles maniérés. Tu ne manques point d'adjectifs, Ô mon noble art ! Mon opium dont la beauté volée raisonne, Parmi les échos de l'émerveillement !
Je longe le corridor serpenté, De la galerie métamorphosée, Et des trompe-l'œil par milliers étincellent, Comme des rayons X jusqu'à mes prunelles en distorsion, Couvertes d'illusionnisme abstrait.
Mon sourire empli d'émotions, Se dessine sur les lèvres de l'Ange de l'Annonciation. Je suis l'impératrice de cette floraison de sensations, Je suis l'inspiratrice de la poésie hédoniste.
Mes mains te sculptent jusqu'à ce que tu prennes forme, Dans ces instants fugitifs.
Je suis la seule à pénétrer, Dans ton essence profane et endogène, Comme les serviteurs du pharaon.
Bel et noble art à la grâce baroque, L'éphèbe est ton modèle, Ton profil est fuyant et tes reflets sont relief.
