Pâle vert et bouton d'or Tachent d'empreintes l'arbre millénaire, Noyé dans un brouillard de vagues contrastées.
Caché tel un timide dans sa fourrure violine, On le devine derrière cette volute de nuages arc-en-ciel, Qui lui transperce l'écorce comme l'enclume.
Des demoiselles aux ombrelles, Vêtues de robes d'arceaux, Et de hauts-de-forme, S'assoient délicatement, Dans les verts pâturages, Comme pour prendre leur temps, Où rien n'est pressant et oppressant.
Elles ressemblent à des danseuses de bal. Des messieurs à l'haleine d'absinthe Leur font la cour comme des vautours, Et des rires pleuvent.
Le parc à l'atmosphère de nature morte, Où le soleil se promène, Tel un compagnon chaleureux, Et offre sa palette d'humeur purpurine, Devient un agréable salon de thé, Où l'on déjeune à côté d'une source roucoulante, Où l'on s'invite à la paresse reposante, Des taches en éventail brillent sur l'eau.
Non loin de là, surplombés de ponts, Des jardins d'artistes laissent entrevoir Leurs merveilles écarlates.
C'est un lieu sacré : les fleurs sont sacrées, Les pierres sont sacrées, l'eau est sacrée. Nul ne peut y pénétrer, De crainte de voir ces artifices de printemps dénaturés.
Il est fait pour être contemplé, Peint dans la joie, Il représente la parade des amoureux.
