Au pays des aigles, Les rapaces battent de l'aile. Un tir remue le ciel dans la pénombre éternelle. Ci-gît le dernier mâle d'une famille décimée, Un ruban noir au poignet. Le vent d'État a tourné, Le vengeur est vengé, Repris est le sang du dernier. Après la trêve, le vengé aura à son tour trépassé. Son calvaire ne fait que commencer. Il assiste à l'enterrement et au repas mortuaire, Tradition délétère, Invitation funèbre, Bannière immaculée de mille regards brisés. Impôt du sang à payer avant de payer de sa vie. Quand finira son sursis, il va payer aussi. Un tir agite le ciel dans la pénombre éternelle. Du sang se répand à tire-d'aile sur une terre coutumière. Le cercle de la mort tourne à l'infini, Le vent souffle toujours dans l'orageuse nuit. Les pages du kanun dictent leur loi, Et les hommes lui obéissent sans foi ni loi. Au pays des aigles, Les rapaces battent de l'aile dans un refrain éternel.
