Vieille nuit de feu, de larmes, desséchée, Que d'ivresses vides en ton sein maltraité. Parfois m'en revient le pâle souvenir, Sans mélancolie ni dérisoires regrets.
Je l'avoue, ce cirque d'animaux fous m'a plu, Et ne me plaît plus.
Belle nuit, pourtant détruite par la laideur de ton âge, Tu as enfanté la Sublime ; Yeux d'émeraude qui couvrent le dos de leur cape aérienne. Posée là, comme un nuage d'été, Légère et immense, Le souvenir m'en revient toujours Avec délice et volupté.
Je le crie dans les plaines vides du monde, Je le pleure dans la joie opaline, Je le grave sur les toits blancs des arbres ; Mon coeur est né ce soir-là !
Et quand avec lenteur et délectation, Ses lèvres divines ont goûté les miennes, Ah, rugissante extase ...
Ciel ! terre ! mer et enfants solaires ! Etoiles ! lunes ! hommes et silences indigènes ! Ecoutez le chant des anciens prophètes, Enivrez-vous du chant de Morgane, Et qu'il grandisse en vous avec sûreté.