Vos
poèmes

De la mine au soleil
C’est un travail de forçat
Dès le gong du réveil
Le labeur s’éternisa

De toutes les poussières
Du siliceux en émoi
On n’respire pas sincère
Car dans la gorge elles se noient

Ces milliers de substances
Que seul le feu brûlera
Ça n’a pas d’importance
Si le salaire est bien là

De la mine au soleil
Du petit matin au soir
De toutes les étincelles
Devenant toujours noirs

Entrés au fond du trou
Jusqu’au moment du « bonsoir »
Ce n’est pas sans remous
Qu’on en revient par hasard

Chaque journée décidée
C’est le moment de surprendre
L’ingénieur alerté
Sans son métrage à attendre

Les huit heures quotidiennes
Passées sans lumières au chaud
Virevoltent nos pelles
Voulant extraire le gros

Peu importe le prix
Encore moins ceux des sangs
Versés pour cette trémie
Devant se remplir souvent

Des souffles suspendus
L’acte de descendre au puits
Des coups de grisou rendus
Quand la montagne s’écrie

De mille escapades
Tout au fond de ce tunnel
Il n’y a pas d’incartades
C’est fatal et cruel

De la mine au soleil
Le temps des frasques navrantes
C’est l’heure du sommeil
Au fond du lit, en attente

D’une histoire de vie
D’anthracite et faites de gré
Auprès de mes amis
Dans ces berlines ont dansé

Les millions de coups de pioches
Afin d’extraire cette tannée
En sonnant toutes les cloches
Le charbon est dégagé

Malgré tous les malheurs
De ces labeurs, de ces cages
J’ai rencontré un cœur
Sur une place de triage

Elle était faible et sale
Mais c’est l’aurore incarnée
Car l’amante est bestiale
Coup de foudre concret

Ces quelques ritournelles
En transe, avec j’ai dansé
Et mon cœur se révèle
Une fois finie la journée

De la mine au soleil
C’était mon bonheur taché
D’étang noir et vermeil
L’esprit n’a rien oublié

De la mine au soleil
Je n’oublierai plus jamais
Le couple s’émerveille
Une fois la nuit tombée.