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Samuel Uson-Mazaudier

Pardonne-moi d'avance de t'aimer

Pardonne-moi d’avance de t’aimer
Toi que je ne connais pas encore
Inconnu(e) des voyages moribonds
Effaçant les anciennes floraisons
Des fougues étendues vastes et plénières
Celles dont on se lasse sans façon

Ces gerbes de pivoines corsées
Devrais-je les croire si belles ?
Elles ressemblent à nous
D’avantage à ce que nous aurions pu être
Ni à ravir, ni à chérir, juste sans épines
Elles moisissent à défaut de tomber

Pardonne-moi d’avance de t’aimer
Sans prénom, sans visage, sans frayeur
Respirer est un décès continu pour moi
Je ne peux rien offrir, je veux que tout larmoie
Cette sanglante véracité, ce tombeau des crieurs
Ribambelle de mystères et d’émois

Ils n’ont pas lieu, mais se serrent
Contre une poitrine indicible et forte
Fais-moi voir que tu existes un instant
Pour que le visage luisant de bonheur
Se cloue dans l’expression de son arrêt
Et j’aurai pu agir en filant, sincère

Pardonne-moi encore de t’aimer
Tant de caractères, ceux si criards
Enfoncent les poitrails autant que les cœurs
Des lopins sans sillons où s’endorment les fleurs
Les futures orchidées, vandales d’un épris tard
L’adjectif devient nom quand il n’a de senteur

Je tourne perpétuellement ne te trouvant pas
Irritant ma douleur, ce sentiment concret
Ignorant être plutôt que de devenir
Tournant l’éternité, avec mes maux
Qui extirpent l’essence de l’Homme
Aux aboiements fortuits et aux traumas

Pardonne-moi encore de t’aimer
Sur un fil suspendu au-delà de l’astre
La théière enfumée bouillonnante du tort
Bénissant l’absolue, s’amusant de la mort
Toutes les espiègleries s’encastrent
Dans les chemins damnés, connaissance des remords

Ne pas avoir su faire plutôt que de n’avoir pu
Hallucinantes mixtures, recherchant les épices
Assaisonnent un mystère pour toucher une fois
Le réel presque fou, impossible en flânant
Détruit et abominable, le regret intervient
Comme argument vicieux ne se sachant vaincu

L’impardonnable passade volante et voleuse
Dont ne souffrent que ciels attrapant la mouche
L’empreinte d’une lenteur monotone
Où se rêve le passage, serein je frissonne
Persuadé d’être vif lorsque les aubes se couchent
Enchaîné et seul, c’est mon cœur qui dissone.