Un soir où il revenait du champ des torpeurs, Le nez tout gavé des fragrances de la vigne ; Le noble vigneron d’habitude très digne, Musardait en chemin vaincu par son labeur.
Oh qu’il se dandine, l’arrogant téméraire ! Il est si fort et fier, qu’il en est fat ; c’est clair ! Voici son histoire, oyez bien mes amis Car c’est la ballade d’un bien bel abruti
La ballade :
« Je vole la beauté, valse avec l’étincelle, D’un ruban aux yeux d’or furtivement fleuré. Flâne avec l’étoile ! J’esquisse et m’émerveille. Ô petite fée ! Sous le ciel éploré.
Mais que dis-tu mignonne à moi qui suis si laid ? Que je suis bien trop soûl, en es-tu donc si sûre ? Sur la loi je jure, n’avoir bu que du lait. Vas-t’en ! Tu m’embêtes ! Amère créature… »
« Je traîne pas à pas, dégustant la musique, D’un pipeau enchanté par mille clés de sol. Gambade avec l’hêtre ! Oberon féerique. Ô libre farfadet ! Graine de parasol !
Que dis-tu marmiton ? A moi qui suis si mou ? Que je flageole des haricots écossés ? Sur ma gredine cosse, je ne suis pas fou ! Stoppe ton flageolet ! J’en ai déjà soupé… »
« Ouvert à l’océan, je barbote mes mots, Tranquille et sans ennuis, la sirène languit. Comme à la parade, elle émerge de ses flots ! Ô triste sirène ! Repent ceux qui t’on fuit !
Et que dis-tu ma belle à moi qui ai si faim ? Que je suis en nage à bouillonner mes rondeaux ? Je crois pourtant n’être point si mauvais marin. Garde tes eaux sales mon vilain maquereau ! »
Recette :
Pour faire une bougonne soupe au flageolets : Grinchez bien savamment les légumes sous l’eau, Laissez macérer le tout. Ajoutez du laid. Faites bouillir à feux fous sur un vieux réchaud.