Il est possible que le temps m’emporte, Là où les fins livrent d’autres contrées. Mais faudra-t-il que mes sanglots m’escortent Dans les borées des rafales ambrées ?
En vain j’espérais que mes peines m’abandonnent Durant mes balades au « vague émaillé des cieux » Mais sur les bords du lac où j’attendais l’automne, Ces instants parurent bien plus tristes à mes yeux.
Si dans l’ombre, ma voix restait scellée Et qu’au chant du jour, elle s’éclairait, Alors la source en resterait gelée Et geindrait dans le gré de mes regrets.
Quand mes liens se nouent à l’averse d’un chagrin, Je porte le fardeau des larmes de ma Lune. Et si dans le tourment, mes vers restent d’airain, C’est que l’erg de mes mots, voile bien trop de dunes.
L’humeur du poète fait le ton du poème : Dit la romance à la brise du soir. Mais le jour m’est pire encor que la nuit bohème, Car le temps n’a vent des sombres espoirs.
Où est le plaisir à ouïr une stance, Qui ne peut chanter qu’à la nuit tombée ? Même la plainte du Vent des silences Ne peut ériger son âme inhibée.
Mais je garde ces mots dans le fief des rancœurs, Car un soir peut-être, si ma muse le veut, Je rendrai douceur aux épées de mon cœur : J’eusse tant voulu voir le gardien de mes vœux !
Lisez au matin, … relisez au soir, Les tristes rimes de mon manuscrit. Et vous verrez un tout autre miroir : Celui des reflets du sang de l’esprit.
Heureux celui qui me percera au grand jour, Car mon silence dort dans l’écrin de mes rêves. Oui, la métaphore est le plus grand de mes tours. Car le secret m’apaise en ces temps de glaive.