Peut-être le sanglot se lésait-il encore, A mon âme par son écume embrumée à flots ? Peut-être qu’à même les serres du condor, Sa fière retenue aurait endigué ces mots :
Lors de tes silences, l’éclat gronde en mon cœur Et je ne puis pleurer sans glacer mes larmes ; Murmure vaniteux à l’océan des rancœurs, Où sombres oublis ont pu percer tes armes.
Ô ! Lamartine, limpide m’est ta souffrance Et chers sont tes vers au reflet qui l’observe. Mes rêves s’étonnent à ton incandescence, Quand je crains de ne pas égaler ta verve.
Peut-être l’Automne meurtrissait-il encore, Ses anciens bourgeons ôtés aux rives du vent ? Peut-être qu’enfin, cette âme que tu ignores, Put revivre l’ivresse de tes tristes tourments ?...
Je vantes tes secrets aux charmes opalins, Je chante tes louanges à qui prête l’oreille. Mais aucun n’a su le sens de tes quatrains, Du prodige où s’est hasardée la merveille !
Mes yeux sont noyés dans l’éternel cristallin, D’un poème à l’autre, je vogue sans ferveur ! Tant d’esprits s’y égarent, tant cachent leurs chagrins ! Tous se disent rêveurs, mais nul n’a de saveur.
Dans ce dédale en vers, je cherche mon reflet, Mais l’instant n’a de prose, qu’a beauté fortuite. Leurs mots me désertent, et le sens me déplaît ; Je n’ai vu que trop le rythme sans conduite.
Bien des barrières se complaisent dans les rêves : L’une après l’autre, elles se renouvellent sans cesse. Chacune est une entrave que l’esprit élève ; Et qu’il nous faut franchir avec tact et adresse.
Jeunes poètes conformés à la frêle stupeur, Cédez l’allégeance au courroux de l’audace, Traquez l’étincelle qui enflamme le lecteur, Ne soyez humble, lorsque l’esprit est sagace !
Qui à son tour, sera mon âme dans la foule ? Qui sera charmé sur le torrent de mes soirs ? Je crains pour mon rêve que les rêves s’écroulent, Que mon Elvire soit morte et n’ait plus d’espoirs.