Le lieu est magnifique peuplé d’antiquités Un commerce de ruines classé d’utilité Il ne génère rien mais entretient les pompes Ici avant d’entrer, tu dois verser l’acompte.
Je cache ma détresse sous un triste sourire Un vieux lion édenté peut-il encore rugir ? Avant la révérence brillons sous la lumière Dans un rôle de choix, merci monsieur Molière.
Cette première journée, jouons là roquentin Quelques pas de tango et deux ou trois baisemains J’amuse l’infirmière, je flatte la rombière Et d’un geste précis, renverse la soupière.
Le lendemain matin devenu cacochyme Je délire d’un palu ramené d’Indochine Et lance une diatribe sur l’industrie des vieux, Profitant du carnage pour égratigner Dieu.
Au soir du troisième jour, sous les traits de Géronte Je subis la visite d’un petit tour de montre Une mallette suffit pour les pilules du soir, Déjà pour les latrines il n’y a plus d’espoir.
L’octononagénaire est une bonne affaire Trois cuillerées de soupe voilà son ordinaire Les rois de la cuisine sous ce ciel étoilé « La surprise du Chef », c’est le jambon purée.
A peine une semaine et je deviens gâteux En tapant la bataille avec mémé Faucheux, J’ai caché ses lunettes pour tricher à loisir Et je suis effondré d’y avoir pris plaisir.
Au septième matin de cette réclusion Mon corps et mon esprit ont tenté l’évasion ; L’âme s’en est allée emportant le poète, Un vieillard impotent a mouillé la moquette.