Je l’ai trouvé ainsi, comme cloué à l’arbre Par l’ouvrage du froid sur la nuque et les reins, Révélant au matin de ses grands yeux sereins Le regard éternel d’un visage de marbre.
Toute la nuit la neige a dansé dans ses bras. Au bal des gens perdus sous les chênes ventrus, Le vent ne siffle pas la saveur de l’intrus Mais celle du sommeil des venins de cobras.
Assis, genoux pliés, en posture fœtale, Le corps voulant montrer ce désir arraché Du gène primitif, du souvenir caché De ce premier instant de la vie prénatale.
La mort a emporté son rêve inassouvi, Entendre le refrain, la chanson maternelle, Effleurer cette voix et la douceur charnelle De celle qui voilà bien longtemps l’a ravi.
Je signe d’une croix ma triste découverte, A la lueur d’un jour qui se lève sans bruit, Qui verse ses rayons sur cet esprit détruit Mais sur son âme en paix dans l’immensité verte.
La forêt, son refuge en ce monde inhumain, Fut son caveau ; le gel, lui, sa pierre tombale Qui recouvre à jamais tous les pleurs qu’il brimbale D’un cœur qui n’a plus cru aux joies du lendemain.