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Serge SAINT-MAXIN

La mort du vagabond

Je l’ai trouvé ainsi, comme cloué à l’arbre
Par l’ouvrage du froid sur la nuque et les reins,
Révélant au matin de ses grands yeux sereins
Le regard éternel d’un visage de marbre.

Toute la nuit la neige a dansé dans ses bras.
Au bal des gens perdus sous les chênes ventrus,
Le vent ne siffle pas la saveur de l’intrus
Mais celle du sommeil des venins de cobras.

Assis, genoux pliés, en posture fœtale,
Le corps voulant montrer ce désir arraché
Du gène primitif, du souvenir caché
De ce premier instant de la vie prénatale.

La mort a emporté son rêve inassouvi,
Entendre le refrain, la chanson maternelle,
Effleurer cette voix et la douceur charnelle
De celle qui voilà bien longtemps l’a ravi.

Je signe d’une croix ma triste découverte,
A la lueur d’un jour qui se lève sans bruit,
Qui verse ses rayons sur cet esprit détruit
Mais sur son âme en paix dans l’immensité verte.

La forêt, son refuge en ce monde inhumain,
Fut son caveau ; le gel, lui, sa pierre tombale
Qui recouvre à jamais tous les pleurs qu’il brimbale
D’un cœur qui n’a plus cru aux joies du lendemain.

19 février 2010