Je regarde l’outil comme on quitte un ami Que l’on ne verra plus. Le voici endormi … La retraite a sonné, ma médaille est remise Au bureau du patron. Le silence est de mise.
J’entends sans écouter, tous les mots du discours, L’honneur que l’on me fait au terme du parcours. Vous êtes attentifs à cet ultime éloge Mais moi je ne le suis qu’au tic tac de l’horloge.
J’ai vécu parmi vous, collègues de travail, Les instants de labeur, tout le long de ce bail, Dans l’antre métallique, avec force et courage Où le corps et l’esprit sont voués à l’ouvrage.
Vos applaudissements couvrent chaque merci Qui provient là du fond de mon vieux cœur noirci. La retraite a sonné, je quitte l’entreprise. Au bureau du patron, mon compte est sans surprise.
Voici pourtant venu le jour tant attendu, Adieu le gris du temps, bye le temps perdu ! Ce soir je partirai pour cette île lointaine Où chaque heure qui passe est belle et souveraine.
J’y verrai des soleils briller au firmament, Sous leurs rayons bénis fuyant mon testament, Goûtant à l’exotisme, éveillé à l’envie, J’y trouverai mon rêve aux couleurs de la vie.
Et les pieds dans le sable en marchant sans effort Je sifflerai cet air que vous chantiez bien fort, La retraite a sonné, la médaille est acquise, Je serai loin ce soir, loin sur mon île exquise.