La dame aux violettes.
Tous les jours, depuis ses dix ans, elle se levait,
Et elle s’en allait le cœur léger arroser,
Ses beaux bosquets violets.
Dans la jolie petite maison familiale,
Son père, sa mère, son frère, un véritable bal,
Tous partis au final.
Son père, sa mère, main dans la main, n’étaient pas loin,
Mais ils avaient simplement changé de chemin.
Son frère était marin.
Sur la mer bleue, ce dernier voyageait sans cesse,
Envoyant quelques cartes, par pur politesse,
Qu’elle lisait avec liesse.
Les voisins la connaissaient tous parfaitement,
De tout le quartier, c’était un peu la maman,
Ils étaient ses enfants.
Et tous les jours depuis cent ans elle se levait,
Et s’en allait le cœur léger arroser,
Ses beaux bosquets violets.
Puis un jour bien calée dans son petit fauteuil,
Se laissant aller, elle ferma l’un puis l’autre œil,
Elle lisait un recueil.
Et pour la première fois depuis sa jeunesse,
Elle n’arroserait pas le cœur rempli d’ivresse,
Ses bosquets en détresse.
Dans l’après-midi les voisins la retrouvèrent,
Elle s’en était allée rejoindre père, mère, et frère,
Lui était mort en mer.
Le hameau entier portant pour elle le noir,
Et on déposerait sur sa tombe tous les soirs,
Un pot de roses noires.