A l'orée des faubourgs et de ces longs boulevards, Du béton recouvrant l'espace vierge de la terre, L'existence méthodique y défie le hasard, C'est la ville et ses codes tel un plan pour la guerre
Contemplant la grisaille entourant ses quartiers, Un regard vous fusille, morne réalité C'est le vil, le malin, qu'abrite notre décor, Là où le temps est compté, à la recherche de l'or
Plein d'entrain et croyant à la marche du Progrès, Des soldats migrateurs viennent garnir la cité Battant pied bruyamment y surgit le vacarme La laideur, le mauvais comme unique fait d'arme
Ce monde de gravier s'isole dans sa douleur, Plein d'atouts, ses atours ont perdu sa splendeur Et bien que dessiné par les mains de l'architecte, Les contraires s'y assemblent, du plus beau à l'abjecte
Cette ville où chacun vous regarde sans vous voir L'église, la mairie et ces jeux de pouvoir, Le rythme de la vie poursuivant sa cavale Un mirage où s'entasse la misère sans égal
Il y a dans cette scène une douleur palpable, Un écho s'enfuyant vers le lointain des âges, Un marcheur capricieux avançant sous l'orage Des pas recouverts par la nuit et la sable
S'il faut fuir à l'inverse pour la contrée sauvage Où se lassent et trépassent les êtres les plus sages Liberté de l'espace, un ilot sur la mer, J'y creuserai ma tombe, symbole de l'éphémère !
Car mon âme se plairait au milieu de ces flots, Et bien que né loin du paysage aux mille eaux, J'y assoirai mon corps dans une petite maison blanche Sans aisance mais en paix, j'y tiendrai ma vengeance
Sur la ville et ses modes, Sur la guerre et ses codes