J’étais appliqué à écrire tous les jours, Comme un incurable artiste use ses toujours, Dans sa cage en vers où ne rime que l’amour, Sur la piste où s’expose la folie qui court.
Même sous mon chapiteau d’étoiles factices, Je voyais le bleu poindre entre les interstices, Comme un filet d’espoir qui rassure et protège, Un funambule audacieux contre un sortilège.
Voulant trop plaire j’ai usé mon numéro, Et me voilà seul en scène comme un idiot. Les mots me font défaut et mon public se lasse. Et déjà sur le sable mes traces s’effacent.
J’étais appliqué à écrire tous les jours, En apprenti poète affinant mon discours. J’attendais patiemment au bout d’un long cortège, De vous offrir de mes strophes le florilège.
Même sous mon chapiteau d’étoiles factices, Je guettais les astres comme on cherche un indice, Le secret d’une illusion qui laisse en suspens, Comme un point sur un i ou le sens de l’accent.
Voulant trop plaire j’ai usé mon numéro, Me voilà assis sur un trapèze le coeur gros. Ici j’me balance en reprenant mon élan, Dans le flou du vent où s’estompe mon présent.