Je voudrais...
Je voudrais que ma maison soit très propre et ordonnée,
Mon bon sens et ma raison en seraient stabilisés.
Des placards à rangements, des commodes et des bahuts,
Où les jouets, par les enfants, prendraient place sans cohue
Des armoires à linges aussi où les draps et les serviettes
S'empileraient comme jadis les rangeaient nos bons ancêtres
Un bureau pour les papiers importants, et les factures,
Pour ne plus les voir traîner, pour les placer en lieu sûr.
Une chambre par enfant avec toutes leurs affaires
Personnelles, leurs présents, leurs trésors imaginaires.
Une grande bibliothèque où les livres par milliers
Trouveraient leur place au sec sans jamais plus s’abîmer.
En poussant plus loin le rêve, j’aurais aussi,pourquoi pas,
Vernis à ongles rouges à lèvres bien rangés parmi les fards.
Sur une table de toilette surmontée d’un grand miroir,
J’y trouverais ma houppette, mon parfum, mon crayon noir.
Des tiroirs également garnis d’écrins rouges et doux,
Recevraient pieusement mes rares et précieux bijoux.
Les chaussures rassemblées dans un meuble fait pour ça,
Très brillantes bien cirées attendraient leurs prochains pas
Une penderie par là pour les robes et les manteaux,
Pour les chemises à Papa, les ceintures et les chapeaux.
Que toute chose ait sa place, que chaque objet soit casé,
Que mon chez-moi ait la classe des bons et moyens Français.
Au lieu de ça je me désole, et ce, pendant toute l’année,
J’attrape des colères folles pour tenir ma maison rangée.
Le travail professionnel d’abord, c’est très important,
Puis… le travail personnel, le ménage, les enfants…
Faire la guerre, toujours, pour espérer le rangement
Des jeux qui s’entassent autour du lit et sur le divan…
Bien sûr que l’appartement attend d’être transformé…
…Et qu’il faut être patient… Et que tout va s’arranger…
Mais je ne sais si depuis dix-sept ans que l’on attend,
La transformation n’agit sur le moral de… maman…
En attendant les paperasses sentiront encore longtemps
Le sel,le poivre «la vinasse» la forte odeur des ingrédients