le destin d'un olivier
1/ la liberté
olivier millénaire
m'étalant de mon mieux,
moi, le vieux solitaire
j'étais le plus heureux.
j'enfonçais mes racines
près d'une source pure,
étalais mes ramures
dans la brise câline.
clapotis des cascades
et gazouillis d'oiseaux
mêlaient leurs sérénades
aux cloches des troupeaux.
je donnais une olive
charnue et parfumée,
offrais l'huile dorée
qui au goût vous captive.
sur cette montagnette
entre lauzes et lavandes
moi, roi de l'olivette,
je devenais légende.
2/la cassure
...et puis ''ils'' sont venus,
et puis ''ils ''ont creusé,
ont mis la matte à nue,
''ils'' m'ont déraciné.
rogné aux entournures,
souffrant dans le voyage,
réduit à l'esclavage,
j'ai senti la cassure.
écorché dans mon bois,
perdant de mon feuillage,
j'ai dû subir leur loi,
changer de paysage.
en passant par la ville
j'ai eu un haut le coeur,
mon frère, par malheur,
trônait là, inutile...
pollué, décrépi,
n'ayant plus de couleur,
ne donnant plus de fruit,
le voir ainsi, j'en meurs...
3/l'apaisement
l'idée m'a effleuré,
j'ai voulu en finir,
ne plus m'alimenter,
refuser de souffrir,
souffrir dans mon écorce
en perdant de ma force
et dans ma dignité
moi, le bel olivier.
replanté depuis lors,
mon angoisse envolée,
j'admire le décor
d'un négligé soigné.
bichonné, admiré,
je vis sur mon gazon
au milieu des rosiers
loin de la pollution.
une chance insolente
d'avoir comme destin
la retraite apaisante
à l'entrée d'un moulin.