Ah! Que je souffre! O mon ami, Vois-tu le gouffre Où je gémis?
Ecoute dans ton âme Les pleurs d'un coeur déçu, Prisonnier des flammes A tout jamais déchu!
Ma liberté, je l'ai perdue En entrant dans cette prépa; Ma jeunesse, je l'ai vendue Moi non plus je ne savais pas!
Tout jeune alors, j'avais de la jeunesse L'enthousiasme et l'âpre passion; Si jeune, hélas, j'avais cette faiblesse De croire en l'homme, en sa compassion!
Les maudits m'ont vanté leurs études frivoles, Pour attirer à eux l'innocent lycéen; "Regarde, mon enfant, où mène cette école: Aux Gloires éternelles, au céleste Examen!"
J'ai contemplé le mirage admirable, Et j'ai saisi la main qu'on me tendait; Que n'ai-je vu la serre épouvantable, Qui dans l'abîme atroce m'entraînait!
Seul dans la nuit, je m'écrie: "Où est le jour? où est l'espoir?" Le silence me terrifie Comme le vent, glacial et noir.
J'ai brûlé la chandelle Trop vite, et j'ai payé Une peine éternelle Pour un rêve insensé!
Si je t'inspire Un peu d'émoi, Fuis donc le pire: Fuis la prépa!