BARIKA
Barika était plus grande que la terre ;
Comme mon enfance était plus grande que moi-même.
Quitter Barika était pour moi un dilemme ;
Comme si j’étais coupée mon artère.
Tu me prenais dans les bras de ma mère ;
Tu me guidais par la main de mon père ;
Et tu m’aimais comme ou plus que je t’aimais.
Comme toi, je ne t’oublierais jamais.
Je ne suis qu’un enfant de ton sein.
Tu venais à moi chaque matin.
Dans les rayons de ton soleil ;
Pour me tirer de mon sommeil.
Aussi douce que les belles fleurs que tu m’apportais ;
D’où je sentais ton parfum exaltant ;
Quand je me réveillais un peu fainéant.
Je me lavais de ton eau pure puis je partais ;
Rencontrer tes enfants un peu avant les cours
Tes garçons n’étaient autres que mes frères
Tes filles, mes sœurs étaient gentilles et sincères,
Tu nous enseignais la morale tous les jours.
Dans le soir je sentais quelques fois la fumée,
Que tu faisais pour nous faire une galette,
Que tu cassais en quarts ; et ainsi partagée,
Tu nous rassasiais de lait de vachette.
Tes braises comme tes étoiles brillaient
Dans l’obscurité de ton alcôve froide,
Dans un petit endroit chaud, nous attiraient,
Me fanaient dans une extase profonde !
Tu me grondais par la bouche de mon père,
Je bondissais ; illico, je reprenais mon devoir.
Parfois, dans le sommeil, tu allais me faire choir,
Et maintes fois tu me faisais coucher par terre.
Et dire que cela hélas, c’est que du passé.
Je cherche mes souvenirs dans mon esprit froissé,
Toujours, lorsque je suis de retour à mon foyer,
Je te retrouve enfermer dans mon petit cahier.
Et sous la pluie dont tu m’arrosais en courant.
Les pieds mal chaussés, mouillés faisaient le flac.
Tu nous ne donnais pas de parapluie nous couvrant.
Nous tremblions et nos dents faisaient le clac.
Tu venais à moi dans l’été, dans l’air que je respire,
Comme une fraicheur exaltante d’une fleur qui transpire,
Midi, Tu nous faisais gouter, de ton flambeau ardent
La grande chaleur qui fait bruler la tete et le sang.
Dans les champs de blé, on prenait ton épi.
Ici, une fleur ; là, on s’amusait !
Mettait les pieds dans la rivière au répit ;
Rentrait à la classe, le cœur aisé.