Les yeux hagards, les pas errants Elle marcha sous l'œil de la nuit sombre Le long des côtes rougis de sang Vagues de cris, appels en trombe
Déliant les nœuds de son cœur en sang Une jeune maman hurla de tout son être Sa voix s'égara comme s’égare le vent Inondant l’espace de silence funèbre
Pris dans les filets de l’homme blanc Tel un goémon arraché à sa roche Secoué, frappé, ballonné fut son enfant A la manière du misérable Gavroche
Embarqué sur le vaisseau des malheurs Il fut acheminé vers un nébuleux monde Loin de son soleil, sa savane, ses repères Où il vécut sa négritude comme une honte
Cachant ses fréquentes frayeurs Sous une couche de rêves impossibles Sur les notes des cordes de son cœur Il susurra ses maux à sa tribu invisible
Dans ses nuits jonchées de brouillard Il tenta de remonter le chemin de sa vie Assemblant le puzzle de ses rêves épars Pour garder vivant son passé banni
La soumission de l’homme noir Fut chaque jour au rendez-vous Et tous les matins, et tous les soirs Il pansa de pleurs les traces de ses coups
Ses minutes furent balisés d’affronts Ses années marquées d'entraves Jusqu’au jour où il se donna une raison Pour s’affranchir de sa condition d’esclave !
Sa vie durant aux abords de l’île La mère continua à errer Attendant que se fasse le retour D’un enfant parti à tout jamais