Refoulant ses larmes Dans la poche de ses yeux L’automne fait un saut en arrière Dans le calendrier du temps Éclaboussé par les jets d’eau L’hiver se réveille grelotant. Dans un soubresaut Il lance ses nerfs en boule et Pleure abondamment. Neuf mois de farniente Dans son chalet de glace Enfermé comme un animal coriace Quand il entrebâille sa portière Pour mettre un pied au-dehors La buée de sa soupière Le précède dans l’espace Devant aller courir les plaines Il troque son manteau de givre Contre une fourrure de laine Et comme le sang fige ses veines Qu’il ne peut souffler haleine Il prend son bonnet et ses mitaines et Un cache-col pour le cou Quand il monte sur les monts Tisser de grésil l’ourlet des yeux Il redescend grognant Pour cause... Trop de travail pour préparer la piste aux jeux L’hiver est dans la galère Il neige, il tonnerre Mais ne peut verser larmes Pour féconder les rivières Avec la bise coagulée dans son gosier Il ne peut embrasser Ni les près ni les vallées Fainéante est cette saison Elle invoque mille et une raisons Pour garder l’homme enfermé dans la maison Une couverture bien chaude Avec un grand bol de lait ou Une bonne soupe brulante, Devant un feu de cheminée Souvent elle joue le trouble-fête Quand elle souffle dans sa musette Convoquant le vent qui court Qui vient manier ses clochettes Pour tinter l’oreille du sourd Et quand sa voix part en vacarme Et que ses larmes ondoient la cour Il ne reste aux fêtards qu’à faire un demi-tour