Triste, seule, froide, veule Au-delà des barrières entre toi et moi Il reste encore un fond de détresse, Ponctué d’un soupçon de paresse Qui dans mon cœur retient la joie. Il peut sembler difficile, De longtemps rester si fragile, [mais] la mécanique du cœur N’a d’égale pareille Qu’une roue de caprices Qui emporte sans douceur La moindre parcelle de nos délices. Effrayée, en fureur, Il me semble simpliste de laisser À mon honneur la direction de mes désirs. Comme il semble facile de se battre, quand on ne sait que fr Une fois que s’éteignent les flammes. Savoir disperser dans l’âtre Les plus doux souvenirs, Ne peut jamais à mon âme Paraître un digne loisir. Sans sécher mes larmes, Sans un réel soupir Toujours triste, Seule, Froide Et veule, J’étreigne des mains un glorieux avenir, Dans une pensée pressante Comme dans un cauchemar invincible, Je suspends la vie dans la gorge D’un odieux souffle irascible.
Mais point de sortie dans ces rêves esseulés. Le temps s’échappe en filets pourpres, L’étreinte est forte, l’attente grisante, Et sans peur ni souffrance partagées, J’ai fait tomber cette barrière inexistante. Nos âmes se mélangent, ma tristesse t’envahit, Et la mort dans l’âme, Rien ne me sourit Plus que ton sourire ne me désarme.