Tandis que l’aurore amorce sa percée Le calice perlé de mon amertume, Débordant de mes illusions brisées Se recouvre d’une délicate écume Ecume salée de pleurs que je n’assume. La lumière du soleil m’éblouit Assassinant mon cœur évanoui, Et sa chaleur n’est que brûlure intense Car dans les creux de mon âme enfouie Il peine à couvrir le cri du silence. Et tandis que dans mon lit allongée Je me noie dans mon calice destructeur, Faite de chutes de rêves rapiécées Je me recueille dans mon songe passé Pleinement de cette douleur enivrée, M’enlisant dans mon songe qui est mort (Son cadavre sur mon lit est chaud encore) Détaché de mon cœur froid, sa potence, Même drapé dans le linceul de mon corps Il peine à couvrir le cri du silence. Et quand le soir tombe sur mon âme ombrée Je sombre, d’angoisses me désaltérant, Car du calice coule le liquide ambré Lui qui réchauffe depuis si longtemps Et absorbe mon réel si navrant… Chaque soir vient à moi une large esquisse De ma vie d’antan et de ses délices, Peu s’en faut que ne me quitte ma démence Car trop peu profond dans mon cœur-calice Elle peine à couvrir le cri du silence.
Princesse aux couleurs d’or, soir après soir M’abreuve de ta douce source de désespoir Tu n’es que la preuve de mon existence Et tant mieux, pourvu que pour moi, jamais Tu ne peines à couvrir le cri du silence.